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Des morts avérés, des cancers de la prostate en surnombre, des nouveaux nés contaminés, des sols et des eaux durablement pollués... Le scandale du chlordécone, ce puissant pesticide massivement utilisé aux Antilles, prend désormais une tout autre ampleur. C’est ce qu’affirme aujourd’hui le professeur Belpomme, un cancérologue français de renommée internationale, pour qui l’usage généralisé des pesticides aurait provoqué des dégâts irrémédiables en Martinique et en Guadeloupe.

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Après avoir conduit une mission aux Antilles au printemps dernier, à la demande d’associations écologiques, le scientifique qui a rendu à l’Assemblée un rapport explosif de 52 pages, assure même que cette « affaire » est un vrai désastre sanitaire et dépasse de loin celle du sang contaminé.

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Selon lui, l’ensemble des populations insulaires se trouve « empoisonné » notamment par le chlordécone (interdit en métropole en 1990, mais seulement en 1993 aux Antilles et utilisé clandestinement jusqu’en 2002) ainsi que par le paraquat.

Comme par exemple Romain Bellay, agriculteur à Rivière-Pilote, victime du chlordécone. Pendant des années, il a lui-même épandu le chlordécone « à pleine mains » dans son champ. Son dépit est celui de tous ces agriculteurs aux terres « chlordéconées », qui ne savent plus quoi planter de rentable…ou d’autorisé. Pis : la durée de vie de ces produits chimiques s’étalant sur des siècles, les conséquences sanitaires devraient se faire sentir longtemps, y compris sur les générations nées après l’interdiction du chlordécone.

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Même si aux Antilles le dossier pesticide est encore tabou – il a fallu plusieurs années pour que la justice locale déclare recevable une plainte – en métropole, l’affaire agite sérieusement le milieu politique. Contrairement à ses prédécesseurs, Michel Barnier, ministre de l’Agriculture, vient de faire interdire le paraquat et promet des aides pour dépolluer les sols. Au ministère de l’Environnement, Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet ne dissimulent pas « l’ampleur » du dossier. Enfin, chez les producteurs de bananes antillaises, on se dit désormais prêts à lever le pied, sous condition, sur les pesticides.